La Sonate
La Sonate
de
Shantalh
" Il faut encore avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse " ©Nietzsche
« La table porte un éclat de balle perdue, se cache-t-elle dans un mur ou dans la table ? Jean-Valère l’a cherchée mais ne l’a jamais trouvée. La nappe cache l’éclat, beaucoup de choses cachent tant d’autres dans la vie mais il faut vivre encore… Sofiane finit d’ajuster la nappe et le carillon de la porte d’entrée module une douce sonorité… »
En écrivant son premier roman, Shantalh, vous invite une Schubertiade dans le cadre intime d’une demeure familiale sobre, et silencieuse qui recelait tous les souvenirs de trois générations depuis la grande guerre à aujourd’hui 14 juillet 1945, aucune génération ne l’avait vendue, chacune d’elles, l’avait aimée à sa manière. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis le défilé des troupes victorieuses dans Paris. Sofiane avait retrouvé sa fonction d’institutrice de deuxième année primaire, et son frère Jean-Valère Alexandre donnait des cours de musique au Conservatoire.
L’été touche à sa fin… ses longs rayons couvrant le sol touchent l’automne de la pointe des pieds…
L’arrivée de la petite Safrane, orpheline franco-tunisienne, souffrant d’une légère infirmité, allait forcer le destin…
Sofiane ne s’était jamais imaginée dans un rôle maternel et Jean-valère, introverti, préoccupé par la rupture avec sa première femme qui l’avait quitté pour un soldat Allemand, s’était volontairement enfermé dans une petite musique de nuit…La maison s’égaya de voix enfantines …soufflant un nouvel air propice la renaissance.
* Allegro molto moderato
Sofiane avait décidé de s’occuper de la petite et la nécessité de rentrer financières supplémentaires se faisait sentir, rénover la grande maison en rendant les étages supérieurs à location fut la décision prise en commun.
Chaque locataire se présentait avec une valise d’effets simples mais précieux, mémoire de l’impossible retour …
Bérangère, porte l’ enfant du drame qui s’était jouer dans la vie de Monsieur Marchal, ses deux fils portaient l’uniforme Allemand, étaient devenus fous et arrogants, ils avaient violé la jeune fille et son amie Sarah Brenann, devant les yeux de leur père qui leur tenait tête. Mr Marchal avait reçu deux balles, une en plein visage, l’autre avait traversé sa bouche, il était la victime de ses propres enfants, son seul avenir était de protéger la mère et son petit fils.
Mme Ann Goldstein, dite Mme Héléna Haus-Rondeaux, avait changé d’identité en rendant service à son amie, endossant le manteau, le chapeau, les lunettes pour ravitailler son amie gravement malade, elle ne les quitta plus après le décès d’Héléna. Elle avait 65 ans, elle avait fait les deux guerres et n’avait plus aucun membre de sa famille en vie. Elle jouissait d’une assurance financière et souhaitait vivre entourée de personnes de son choix.
Par son récit Shantalh nous fait prendre conscience que la fin de la guerre n’était pas pour autant la fin de l’antisémitisme en Europe. Beaucoup de juifs n’osaient pas retourner dans leurs lieux d ‘habitation d’origine par crainte pour leur vie.
« Le paradoxe français » s’exprimant sur le collaboration en France, s'éclaircit de jours en jours …
L’exode de la rouelle jaune, symbole discriminatoire pour catégoriser les juifs au Moyen-âge, s’était mué en étoile jaune par les Nazis.
L'Eglise affirmait que la Nouvelle Alliance avait supplanté l'ancienne car les Juifs avaient trahi. Et il en découle bien entendu nombre de conséquences qui restent encore vivaces dans le sionisme et le problème palestinien d’aujourd’hui.
Quand le jaune s’arrête sur cette terre, à mi-chemin du Très-Haut et du très-Bas, il n’entraîne plus que la perversion des vertus de la Foi, de l’intelligence, de vie éternelle. Oublié l’amour divin, arrive le souffre luciférien, image de l’orgueil et de la présomption, de l’intelligence qui ne veut que s’alimenter à elle-même.
Et c’est ici que ce roman se veut être une musique sonnante : l’étoile jaune a deux faces, la face visible qui servait à l’ identification des juifs , et la face cachée renversant la valorisation du symbole, rendant la glorieuse lumière de la reconnaissance d’avoir trouvé une maison d’accueil chez les " Alexandre", un regard, un sourire qui enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne.
* Largo
De jour en jour la maison semblait s’embellir comme le printemps s’éveille à la nature.
Tout semblait parfaitement s’harmoniser dès les premiers jours. Les dames réalisaient des merveilles en cousant les rideaux, les hommes mettaient la main à la pâte pour réaliser les travaux les plus lourds, chacun allait avoir une place dans la partition musicale de cette maison résonnante.
« Depuis des années, Sofiane et Jean-Valère avaient végété, affrontant les difficultés à pouvoir s’alimenter correctement surtout durant cette période de guerre. L’après-guerre avait été pénible pour tant de gens. Il était difficile de rester insensible devant certaines considérations, devant certains qui s’étaient enrichis par le marché noir, devant ces autres qui avaient collaboré, dénoncé, d’autres êtres humains au nom de telle considération ? D’autres encore avaient profité de cette guerre pour cacher leur propre crime… Et il restait ces gens sensibles, humains, au point de prendre des risques pour protéger celui qui était venu d’ailleurs, différents à tout jamais, semblable à tout jamais aussi. »
Tout le monde semblait ressusciter, bénéficiant de la bienfaisance des uns et des autres : « Allegro vivace »
Cette communauté de cœur et d’esprit à l’exemple de cette sonate pour quatre mains, était tellement bien composée que les doigts de tous ne se gênaient pas entre eux, chacun devenant le complément de l’autre, enlacement de bonnes intentions tisseuses de réconfort.
Jean-Valère, lui-même avait changé. La petite Safrane, avait allumé une petite flamme de la façon la plus naturelle du monde en touchant son cœur de musicien.
Les notes parvenaient jusqu’ à la cuisine et chaque soir, Jean travaillait avec l’enfant durant une heure. Tandis qu’elle pianotait toute seule la gamme qu’elle avait mémorisée en à peine deux heures, Jean fit la confidence à sa sœur avec un brin d’excitation : « elle est douée ! »
Mme Héléna Rondeaux était devenue Nanou.
Durant les travaux, des papiers avaient été retrouvés sous les planches du grenier, bien dissimulés.
Jean-Valère identifia un parent qui aurait pu être l’oncle de Nanou, et d’autres notations menant à ses parents, le décès de son père et la déportation de sa mère. Avec l’âge Nanou était devenue plus fragile…
Il fallait donner du temps au temps.
Personne n'est responsable du fait que l'homme existe, qu'il soit conformé de telle ou telle façon, qu'il se trouve dans telles conditions, dans tel milieu. La fatalité de l’ être n'est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera.
Il est parfois plus facile de dépasser sa souffrance quand on en connaît les origines et qu’on peut lui donner un sens …
Dans ce roman, Shantalh semble avoir découvert que l’approche de la vérité à son revers…
Il y avait aussi ces jeunes devenus vieux avant l’âge car ils se complaisent à travers la haine, la jalousie la manipulation de la générosité d’autrui. Il y avait des personnes affublées des paroles de réconforts dites par des menteurs, dont le sort était connu et sans espoir. En écoutant le silence des âmes souffrantes, des corps meurtris, des écorchés vifs , Sofiane s’était un peu oubliée elle-même.
Mais la douceur était au rendez-vous…
* Con delicatezza
Sofiane avait été touchée par la délicate attention de Gaëtan, une bague en or sertie de leurs deux lettres entrelacées, le dos de chacune des figures couchées l’une contre l’autre, la courbe du G revenant sur le S pour s’assurer du réconfort, de l’amour qu’il lui vouait….
Sofiane vit Saphrane se transformer de jour en jour. Son intelligence précoce avait fait place à une forme de sagesse, une attitude spirituelle semblait l’envelopper sans pour autant d’attache religieuse particulière. Sa main avait progressé … Jouer du piano avec Guillaume lui était redevenu un plaisir. Son autonomie l’avait beaucoup aidée, sa personnalité allait lui offrir un avenir…
Tous s’étaient rapprochés sensiblement les uns des autres et le voile se levait sur le secret le mieux gardé de tous : Guillaume et Saphrane, interprétant la « Fantaisie pour piano à quatre mains en Fa mineur » littérature de Schubert peu connue, composée à l'âge de trente et un an juste avant sa mort , un cadeau de Sur-vie que seul l’amour vous donne ...
Akiko Yamamoto & Finghin Collins
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Auteur : Shantalh
Les Edition de Velours
Date de parution : 10/01/2013
N°ISBN : 978-2-35167-424-6
Genre : ROMAN
mars 2015
mcdehove © Frenchwritersworldwide.com
Livre sélectionné pour le Livre du mois d'avril 2013.
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